Martini

Erwan LE GOFF

Une plage de sable fin, un décor anodin
Les lumières du soleil scintillent sur l'eau comme des étoiles au loin
Une paire de Ray-Ban, un polar, un hamac
Vacances banales pour quelques dollars y'a pas d'arnaque
Les glaçons tournent dans mon verre rempli d'un jus exotique
Erotiques sont les corps dénudés que j'matte en oblique
Par-dessus mon roman qu'j'ai bien du mal à finir
Une histoire de meurtre par balle pour 30 000 lires
L'intrigue se déroule à Rome en 81
Le coupable comme d'hab' sera un proche du défunt
Je sors de ma torpeur, hypnotisé par une paire de seins
Pour la suite du bouquin j'crois qu'on verra demain
J'aborde l'inconnue aux atouts plus que certains
Chez moi on appelle ça des obus catégorie I
Je lui propose un martini, elle le sirote à 1000 à l'heure
Elle me dit qu'elle a fini et qu'elle irait bien voir ailleurs

Quelque chose cloche, trop simple, c'est pas logique
C'est pas que j'sois moche, mais niveau drague j'suis dyslexique
D'habitude j'perds mes moyens j'inverse les gestes et les mots
Mais là c'est trop chaud, j'exerce cette discipline avec brio
La beauté m'invite à monter dans son grand duplex
J'accepte perplexe, elle me promet alcool et sexe
Première condition remplie me dis je un verre à la main
Pour la seconde je fais moins l'malin

Dans la chambre on entre, s'ouvre un nouveau décor
Il pleut des cendres brûlantes, respirer demande un effort
La déesse s'exhibe, s'excite, se désape
D'ordinaire timide, je suis à mon aise et m'épate
Son paréo s'enflamme, son rire crève le silence
Derrière cette femme se cache une certaine puissance
Spectateur immobile de cette scène irréelle
Dans cet univers hostile, je fonds comme neige au soleil
J'veux la toucher mais le vide mes doigts caressent
Sous mes yeux jaillit une lumière épaisse
Aveuglé, j'reprends mes esprits, désolation
Soleil, martini, sommeil, insolation

Quelque chose clochait, c'était pas logique
Le paysage idyllique et cette ambiance alcoolique
La plage était une pub affichée dans mon bus
Mettant en scène une pin-up qu'la situation amuse
Le roman dans mes mains, un journal quotidien
La rondeur de ses seins, les accoudoirs que j'tiens
J'me suis réveillé à mon arrêt à 2h moins 20
Prolonger un rêve en public n'est point-anodin

Les regards me fusillent, j'ai probablement parlé
La honte devrait l'emporter, mais j'en ai rien à carrer
L'explication est simple, les seuls faits avérés sont
Que le martini fut bon et que j'avais raison
J'aurais dû m'en tenir à un jus exotique

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