Promis au silence

Un piano dans la tête, ma vie défile en fond sonore
Fait s'enchaîner les souvenirs comme les musiques sur une vieille tracklist
D'un vieux CD que j'ai fait avec mon frère, j'y pense encore
On a traversé les saisons, l'amitié qui parle sur chaque piste
Dans la gova la nuit, pare-brise comme un écran
Qui me permet en roulant de voir ma vie comme elle est vraiment
Y'a des gens populaires qui savent très bien comment nous duper
Donc je reconnais un homme à sa valeur, pas à son succès
Ma fureur fait du bruit, tout comme moi quand j'étais petit
Que je marchais sur la pointe des pieds, faire des conneries toute la fucking nuit
Quand je croyais que ma mère croyait que je dormais
Quand je savais que son love pouvait pas s'estomper
Avant je pensais à la mort, aujourd'hui j'y pense encore
Je me sens génie incompris, ça fait douleur dans mon corps
Parce que dans le fond, ça fait longtemps que je me demande
Est-ce qu'avoir raison tout seul, bah c'est pas avoir tort ?
Quand j'avais dix ans, les mecs de vingt ans m'appelaient « gamin »
Ils avaient sûrement raison quand je déclenchais l'alarme incendie
J'en ai bientôt vingt-cinq et je me rends compte que j'ai bien grandi
Que j'ai plus tout à fait la même euphorie face au sapin
La vie suit son cours mais le temps passe trop vite
Rend mon histoire maudite à croire que c'est un concours de rap
Qui va me rendre heureux si je le gagne
A répéter que je deviens le meilleur si je me magne
Et c'est facile de se trouver des excuses
La plupart des gens arrivent beaucoup mieux à s'en trouver à
Eux-mêmes plutôt qu'aux autres, mais dans le fond t'aimes-tu ?
Dans le fond sais-tu que t'es l'épicentre que de ta seule personne ?
Je suis l'anti-héros de mon histoire
Mais c'est la mienne, c'est la vie que je mène
Je ne sais pas si j'aurais dû naître
Que j'aille me faire soigner, moi je veux devenir ce que j'aurais dû être
Je joue au mec parfait, mentir depuis mes treize ans
T'as bien compris que d'un moine j'ai pas du tout l'habit non
Condamné dans le passé, je ne sais pas ce qu'est le présent
Je n'ai pas frôlé la mort, non moi je n'ai que frôlé la vie
Parce que vivre, c'est loin de moi
Parce que ivre, je me retrouve à dire
Que toi aussi, t'es loin de moi
Et même quand t'es pas là, tu peux me croire je te vois
Tu continues de me casser la tête jour et nuit
Ça rend fou comme casse un tête à un contre huit
Puis l'un comme l'autre, les choses finissent par changer
J'ai fini par te battre toi, fini par tous les manger
Tout est question de perspective, l'agresseur devient l'agressé
Même quand la vie me met down, ça m'empêche pas de l'apprécier
Bébé tu m'as fait si mal mais j'ai que de l'amour à t'adresser
Tout vient à point à qui sait attendre, et je suis pas pressé
L'amour je l'ai trop cherché quand j'en recevais bien trop
Il est déjà trop tard quand tu dis que tu changeras bientôt
Fais-le bien, fais en sorte qu'on t'accompagne
Traite-la bien, c'est pas une go, c'est ta compagne
J'ai une pensée pour mon vieux frère casé qui est devenu papa
Qui m'a fait devenir parrain, on partage tous la même casa
Même prénom que les rois, petit gars je t'aime cent fois plus que moi
Il a un an mais son intelligence pèse bien lourd dans mes bras
Et ils croient tous qu'être loyal, c'est être bête
Moi je crois qu'être sans famille, c'est être dead
Le choix des valeurs à la mode aujourd'hui me déçoit
A l'heure où la haine de l'autre a remplacé l'amour de soi
On peut être spirituel et puis aussi croire aux sciences
Avant ce texte, je savais pas que j'avais une histoire aussi dense
Je pourrais écrire encore mais il y a vraiment trop de choses mes amis
Que j'ai dû finir par promettre au silence