La solitaire
Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles
Cavalier pâle au regard de velours
Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes
Emporte-moi vers le ciel des amours
J'ai bien souvent, la nuit, sur ma terrasse
Versé des pleurs en te tendant les bras
Stérile effort ! C'est l'ombre que j'embrasse
Et mes sanglots, tu nе les entends pas
Pourtant lе ciel m'a faite ardente et belle
Ma lèvre douce est comme un fruit vermeil;
J'ai dans la voix des chants de colombelle
Sur les cheveux un rayon de soleil
Mais enfermée et couverte de voiles
Dans un palais, je meurs loin du vrai bien
Pourquoi des fleurs et pourquoi des étoiles
Si mon cœur bat et si tu n'en sais rien?
Mon bien-aimé, terribles sont tes armes
Ton long fusil, ta lance, ton poignard
Et, plus que tout, tes yeux aux sombres charmes
Perçant un cœur avec un seul regard
Ô fier jeune homme, ô tueur de gazelles
À leur destin mon sort est ressemblant;
Sur ton cheval dont les pieds ont des ailes
Joins mon cœur triste à ton butin sanglant