Jean de la Lune
Par une tiède nuit de printemps,
Il y a bien de cela cent ans,
Que sous un brin de persil sans bruit
Tout menu naquit
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Il était gros comme un champignon
Frêle, délicat, petit, mignon
Et jaune et vert comme un perroquet
Avait un bon caquet
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Pour canne, il avait un cure-dent
Clignait de l'oeil, marchait en boitant,
Et demeurant en toute saison
Dans un potiron
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Quand il se risquait à travers bois,
De loin, de près, de tous les endroits,
Merles, bouvreuils sur leurs mirlitons,
Répétaient en rond :
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
On le voyait passer quelquefois
Dans un coupé grand comme une noix,
Et que le long des sentiers fleuris
Traînaient deux souris,
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Si par hasard, s'offrait un ruisseau,
Qui l'arrêtait sur place aussitôt,
Trop petit pour le franchir d'un bond,
Faisait d'herbe un pont
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Quand il mourut, chacun le pleura
Dans son potiron, on l'enterra,
Et sur sa tombe on écrivit
Sur la croix : Ci-gît
Jean de la Lune, Jean de la Lune.