Heureux qui comme les sirènes
Heureux qui comme les sirènes
Ont fait pleurer un matelot
Ont fait de cet homme un héros
En lui chantant une rengaine
Heureux qui comme ces oiselles
Ont su trouver un chant si beau
Qu'un homm' qui n'était point oiseau
Voulut tant s'y brûler les ailes
Vous pouvez fair' des beaux voyages
Errer dix ans au fil de l'eau
Gagner la guerre avec courage
Vous ne serez pas un héros
Si vous n'avez pas pris la peine
En passant près de cet îlot
De faire vibrer au grand galop
Votre coeur au chant des sirènes
Écoutez le chant des sirènes
Le plus intime de nos maux
Nous ne sommes plus qu'animaux
Quand ce refrain court dans nos veines
Cette voix qui vous ensorcèle
Ce désir que l'on sait idiot
On sait comme le piège est gros
Mais cette voix se fait si belle
Qu'on se jetterait dans l'écume
Que l'on y mettrait tout son zèle
À vouloir y brûler ses ailes
À savoir y laisser des plumes
Cette voix qui se fait cruelle
Qui vous dit que vous êtes beau
Vous savez que cela est faux
Mais cette voix toujours appelle …
Heureux qui comme les sirènes
Ont fait pleurer un matelot
À cor, à cri, à feu, à flot
De tant d'amour et tant de peine
Heureux qui sut chanter comme elles
Et briser en mille morceaux
Ce qui n'était que mon coeur gros
Ce qui n'était que mon coeur frêle
Moi qui n'ai pas peur des orages
Moi qui ai toujours navigué
De paysage en paysage
Moi qui croyais être un rocher
J'ai connu le chant des sirènes
Et je m'y suis rompu les os
Mais pour les entendre à nouveau
J'irai m'y rompre aussi mes chaînes...