L AMOUR EN POINTILLE
Autrefois, ton pinceau sur la toile
Fit tomber comme un semis d´étoiles
Cette image de moi, ce rien, ce leurre
Ce tas de petits points de couleur
C’était quand ? Je ne m’en souviens plus,
Probable du temps où je te plus
Et que nous partagions cette piaule
Entre poêle qui fume et chat qui miaule
Tu peins, je pose, notre vie est bonne
On n’a pas de soucis, on n’a pas de bonne
Le soir venait, tu n’y voyais plus
Et je te faisais du pain perdu
Il n’y avait du chevalet au pieu
Qu´un pas à faire, puis quoi faire de mieux ?
Odeurs d’amour, odeurs de tambouille
Se mêlaient à celles de ta barbouille
Quand on s’donne à un pointilliste
Faudrait p’t-être pas s’illusionner
Croire qu’après s’être abandonnée
On va le changer en féministe
Parce qu’un peintre pointilliste
Ça ne peut évidemment donner
Que de l’amour
Que de l’amour
Que de l’amour en pointillé
Ah ! Tu les as bien laissés tomber
L’égérie, la toile et le bébé
Saluant de loin dans les vernissages
Ta muse des années d´apprentissage
L’enfant est mort, moi, je ne vaux guère
Les années ont passé et les guerres
J’ai dû vendre en dessous d’sa valeur
Ton tas de petits points de couleur
Et puis un jour, la gloire t’est venue
On a encadré d’or l’inconnue
Me voilà, mon cher, à me morfondre
A la cimaise d’un musée de Londres
Je te dois le malheur et la gloire
Mais je préfère de toute cette histoire
Ne m’souvenir que d’nos corps éperdus
Et de la saveur du pain perdu
Quand on s’donne à un pointilliste
Faudrait p’t-être pas s’illusionner
Croire qu’après s’être abandonnée
On va le changer en féministe
Parce qu’un peintre pointilliste
Ça ne peut évidemment donner
Que de l’amour
Que de l’amour
Que de l’amour en pointillé
Que de l’amour
Que de l’amour
Que de l’amour en pointillé