P’Tit Bout
Je n'ai pas su toujours bien te comprendre
Au temps de ton premier chagrin d'amour
Je pensais "On va me la prendre"
Et je voulais que pour toujours
Rien jamais, rien ne nous sépare
Et j'étais gauche et maladroit
Quand il faut, sur un quai de gare
Dire "Au revoir et garde-toi"
Des "Tu sais, les amours reviennent
Il y en a à chaque printemps
Dans leurs épines, il y a la tienne
Garde-toi bien, tu as quinze ans"
C'était comme si j'apercevais mes rides
Le sourire tout au fond de tes yeux
Je me retrouvais les mains vides
Tu me voyais devenir vieux
Je ne savais plus rien ou pas grand-chose
Une main de l'autre se dénoue
J'aurais voulu avoir des roses
Tu t'en allais déjà, salut p'tit bout
Je n'ai pas eu le temps de te connaître
Que l'on s'était déjà un peu perdus
Que tu jouais à ne pas être
Ce que tu croyais que je fus
Rien de toi, rien qui me ressemble
Dans tous tes gestes étudiés
Regarde, j'ai la main qui tremble
On a bien failli s'oublier
En oubliant souvent de dire
Les mots d'amour que je connais
Il n'y avait que dans le pire
Un seul regard et on savait
On savait tout de ce qu'il faut connaître
Le malheur n'est pas original
Mais la tendresse l'est peut-être
C'était à l'autre qu'on avait mal
Et l'on se retrouvait éperdus de tendresse
C'était tes larmes sur ma joue
Éclate encore ô ma jeunesse
Nous revoilà enfin, salut p'tit bout
Les mots nous disent tout ou pas grand-chose
On savait tout déjà depuis longtemps
Des mots d'amour parfois on n'ose
Alors on les garde en dedans
Et puis t'as trop entendu dire
Des mots d'amour à tous les vents
Un jour tu sauras les redire
Tu me fais rire, tu as vingt ans
Et puis voilà que nous reviennent
Et les framboises et les lilas
Et les framboises sont les tiennes
Et tous les lilas sont pour toi
Et puis voilà encore cet air de fête
Que j'ai entendu autrefois
Il chante plus fort dans ta tête
Et c'est pour la première fois
Et je suis riche, tu me fais grand-père
Et puis voilà que tu me donnes tout
Mélanie, va embrasser ta mère
Ton petit frère est là, merci p'tit bout