Sous le rayon vert
Au crépuscule, je roule tout seul sur cette ligne droite déserte
Je sens les embruns du fracas des vagues emportés par le vent
Cette poussière qui se soulève et s’accumule sans s’en démettre
Sous les pneus, au contact de la chaussée brûlante
Et je vois sur ma droite, faisant de l’ombre au soleil
Avec ses cheveux détachés, volants dans l’air, libres au vent
Cette merveille et envoutante passagère de mon sommeil
Toujours la même depuis trop de temps
Alors, les vitres ouvertes, je veux sentir le mélange de la chaleur et du frais du vent sur ma peau
Je veux voir la tienne frissonner au moindre mouvement de tes lèvres
Et que je me taise, sans plus regarder la route et tous ses défauts
L’été au contact de l’hiver, il est tard, très tard ou peut-être très tôt
Laisse-moi être studieux, regarder les moindres détails
Comme si le temps s’arrêtait dans le vide intersidéral
Laisse-moi faire de mon mieux, ou au moins ce que je peux
Je t’en supplie, je veux le faire avant que je déraille
Malgré le vent, ton parfum se disperse jusqu’à moi
Je ressens comme une odeur de sentiment, parfois mêlée à une odeur de tabac froid
J’aimerais que tu me tiennes ma main fermement, que tu fermes les yeux
Que tu me fasses confiance aveuglement, que tu joues le jeu
Alors, laisse-moi poser mon doigt sur tes lèvres, te faire sentir le silence
Puis, te tourner doucement la tête au-delà de la falaise
Admire l’éclat du feu et ses derniers reflets brillants
Et rappelle-toi de toutes ces lumières de notre premier manège
Et puis demain dès l’aube tu partiras, en me laissant un goût amer
Alors que je voulais te voir assise à mes côtés encore une fois
Je veux que le ciel reste comme ça, je ne veux pas voir les cratères s’enfouir six pieds sous terre
Entraînant la voie lactée et toutes ses étoiles
Le soleil rase alors l’horizon, pendant que je frôle ta peau
Quand je suis près de toi je voyage jusqu’à Buenos Aires
Regarde-moi une dernière fois intensément de tes yeux accros
Puis, embrasse-moi doucement sous le rayon vert…