MA SOUVERAINE
Tes yeux, je les voudrais baissés
Et me regardant au travers
Des persiennes de tes paupières
Un corps sage et des fruits d'hiver
Un regard volé à la mer
Sous un soleil qui, sans relâche
Son gros jaune qui tache
Et tant de trésors que j'en passe
Et j'attends qu'un jour tu me viennes
Pour t'offrir des soleils éteints
Des fleurs que je ne connais point
Et t'en parer, ma souveraine
Je voudrais, ô ma fleur de chair
Dans un studio en plein Montmartre
Vendanger ton corps tout l'hiver
Le déchiffrer comme une carte
Faire l'amour, faire la haine
S'enivrer de jour et de nuit
Vivre des bonheurs et des peines
Crever de joie, crever d'ennui
Et j'attends qu'un jour tu me viennes
Pour cueillir les rires du matin
Des fleurs que je ne connais point
Et t'en parer, ma souveraine
Le rêve, c'est un beau verger
Belle au bois, dormez dans cette ombre
Que sont les amours inventés
Dans la forêt noire du monde
Ces songes morts à l'aube louche
Ces rêves pour mythes lunaires
Pour moi deviennent fleurs et mousses
Chacun sa drogue et ses manières
Et j'attends qu'un jour tu me viennes
Pour faire un bouquet de nos mains
Voler des soleils éteints
Et t'en parer, ma souveraine