Excalibur

Ce monde est beau, tellement beau, putain d'beau.
Cet océan de potentialité inachevé au plus haut
Milliards de pièces de puzzle y scintille
Une vérité probable au croisement de ces brindilles
Mais ma place introuvable au sein de cette tenségrité
Je perds pieds face aux rapports que vous entretenez
Je me mets à douter, malgré moi, adoubé
Exister, dans cette philharmonie, j'aimerais bien abdiquer
Arrêter de m'appliquer, attristé d'arbitrer
Aimer, avec la sincérité dans laquelle je suis né
Errance solitaire dans un monde où tout reste à faire
Par essence, solide, fier et terre à terre
Chauffé, battu, plongé dans l'eau glacé tel le fer
Une lame aiguisée capable de changer l'atmosphère
Devrais je faire voler les têtes ou rester au fourreau ?
Devrais je devenir trouble fête ou laisser l'autre être bourreau ?

Dégainée, la pointe de mon épée écris mes versets
Je traverse tout aussi aisément que le verre et
L'épée des rois guide ma main, elle tranche vers ces
Mots, ces phases, qui le sang d'encre font verser.
Depuis cette solitude la plume me permet d'être
Dans cette solitude l'épée me fait comparaître mais
Qui y'a t'il de plus qu'être une version de soi itéré ?
Le moi apparaît comme poussière de l'infinité

Chacun existe à sa manière sur cette planète
De nos existences, nous tentons tous de devenir maître
Et trop oublient que le temps est absolu
Qu'il gagne toujours et fini par collecter son dû
Du son des batailles jusqu'à ma voix isolée
Un seul gagnant, détenteur ou non d'Excalibur
Le temps et la nature ont leurs propres armées
L'âge enterre jusqu'aux montagnes, la nature brise des pierres, gélivure

Alors pourquoi personne n'écoute le temps que compte la pluie ?
Pourquoi les feuilles volantes nous semblent elles infinies ?
Pourquoi accepter de voir votre temps s'écouler dans ce puit ?
Pourquoi personne n'essaie de ce dire que c'est enfin fini ?
Pourquoi chacun court seul avec ses poids aux chevilles ?
Pourquoi, quand vous pourriez être libre, rester au chenil ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?

Alors...
Dégainé, la pointe de mon épée écris mes verset
Je traverse tout aussi aisément que le verre et
L'épée des rois guide ma main, elle tranche vers ces
Mots, ces phases, qui le sang d'encre font verser.
Depuis cette solitude la plume me permet d'être
Dans cette solitude l'épée me fait comparaître mais
Qui y'a t'il de plus qu'être une version de soi itéré ?
Le moi apparaît comme poussière de l'infinité

Ce monde est tellement beau, toute la splendeur du cadeau
Mais en enfants gâtés de la nature à laquelle ont fait défaut
Incapable de saisir le virage avant l'impact
Aujourd'hui ne compte que l'image, liés au pacte
Toujours plus de contenu pour les abonnés, les likes
Oubliant de vivre avec ceux encore intacts
J'suis déjà trop vieux pour bien saisir votre virtualité
Une lame fatiguée maniée avec virtuosité.

J'ai déjà trop eu à dégainer la pointe de mon épée
Trancher tout ce qu'il me semblait juste de toucher
L'épée des rois a guidé ma main au travers des versets
Et sa lame est encore couverte de l'encre déversée.
Ma solitude est devenue compagne de voyage
Aventurier solitaire en avance sur son âge
Je suis déjà une version de moi usée, itérée
Mais le moi continue d'incarner de la poussière dans l'éternité.