Marie

Anne Sylvestre

Quand Marie passait seulette, oh ! Comme on la regardait !
Quand Marie passait simplette, sans rubans et sans apprêts
Les crétins devant leur verre, les chipies à leur carreau
Qui jugeraient la terre entière, qui voient pas ce qui est beau
Disaient "Elle fait sa fière, Marie qui ne compte pas
Marie taillée à la serpe, Marie au visage ingrat"
Et Marie disait le soir à Clément, à son espoir

"Dis-moi ce qu'ils me trouvent, qui ne leur plaît pas
Dis-moi ce qu'ils me trouvent, c'qu'ils n'me trouvent pas
Qu'ils aillent demander à ma mère de quelle peau elle m'a cousue
Qu'ils aillent demander à mon père de quel amour il m'a voulue
Et à ma fille, à Maïté, si j'suis pas la plus douce à embrasser"

Et Marie, devant sa glace, se disait à demi-voix
"J'peux me regarder en face, j'aime bien ce que je vois
J'ai, tant au long de ma vie, cherché la beauté que, si
J'étais pas un peu jolie, j'serais déjà plus ici
J'ai pourtant la peau si douce, j'ai pourtant les plus beaux yeux
Qu'on ait vu d'mémoire de source, de mémoire d'amoureux"
Et Marie disait toujours à Clément, à son amour

"Dis-moi ce qu'ils me trouvent, qui ne leur plaît pas
Dis-moi, dis-moi, ce qu'ils me trouvent, c'qu'ils ne me trouvent pas
Qu'ils aillent demander à ma mère de quelle soie elle m'a tricotée
Qu'ils aillent demander à mon père de quelle tendresse il m'a parée
Et à ma fille, à Maïté, si j'suis pas la plus douce à embrasser"

Et Marie, la toute fière, se disait d'un ton bien las
"Quelle serpe a pu me faire ce visage et ces mains-là ?
S'ils ne peuvent pas comprendre qu'au moins ils ne disent rien
Je suis femme et je suis tendre, certains s'en souviennent bien
Et si l'amour se rappelle autant que je l'aime, moi
Il faut bien que je sois belle, sinon je ne vivrais pas"
Et lui répondit Clément, en cherchant ses mots longtemps

"J'sais pas ce qu'ils te trouvent, qui ne leur plaît pas
J'sais pas ce qu'ils te trouvent, moi, je ne trouve pas
J'sais que le jour où je t'ai vue, j'ai eu envie de te garder
Que le jour où je t'ai connue, moi, ma maison, j't'ai tout donné
Et que pour moi, pour Maïté, tu restes la plus douce à embrasser.
T'es toujours la plus douce à regarder".

Wissenswertes über das Lied Marie von Anne Sylvestre

Auf welchen Alben wurde das Lied “Marie” von Anne Sylvestre veröffentlicht?
Anne Sylvestre hat das Lied auf den Alben “T’en souviens-tu, la Seine ?” im Jahr 1964 und “N°3” im Jahr 1965 veröffentlicht.

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