Les voyageries
Immobile
Dans la ville
J’entends les retours et les départs se disputer le carrefour
Quatre à quatre
J’entends battre
Le gros coeur poussif de la cité, de son chagrin toujours plus
lourd
Je sais
Qu’il faudrait que je m’en aille
Mais dans ses tenailles
La ville me tient
Aussi
J’organise un beau voyage
Mais il est plus sage
Que ce soit le tien… Tiens!
À ch’val c’est pas mal
En train c’est loin
L’avion c’est long
Pis le bateau c’est beau
La fusée, usée
Pis mon auto, tantôt
Mais c’est l’pied qui fait l’pas, madame
C’est l’pied qui fait l’pas, monsieur
Moi, monsieur
J’aime les voyageries
Cela fait passer la vie
J’aime les voyagements
Cela fait passer le temps
Étrangère
Passagère
Tu rencontreras galantes gens qui te feront trois pas de cour
Plus surprise
Que méprise
Tu reconnaîtras mes mots partis sur les chemins du temps
qui court
De loin
Ils reconnaîtront la cible
Qui tant fut sensible
Au jeu de l’archer
Déjà
Ils ont pris forme de flèches
Que je me dépêche
De les décocher
À ch’val c’est pas mal
En train c’est loin
L’avion c’est long
Pis le bateau c’est beau
La fusée, usée
Pis mon auto, tantôt
Mais c’est l’pied qui fait l’pas, madame
C’est le pied qui fait l’pas, monsieur
Moi, monsieur
J’aime les voyageries
Cela fait passer la vie
J’aime les voyagements
Cela fait passer le temps
Dans la tête
Du poète
Les beaux mots sonnaient, déjà dorés par le soleil des
souvenirs
Et son âme
Faite femme
Prit le premier train qui lui parut tenir les rails de l’avenir
Je sais
Qu’il ne faut jamais promettre
Mais pour une lettre
Tout eût refleuri
Je sais
Que le temps, lui, passe vite
Mais une petite
Feuille aurait suffi
À ch’val c’est pas mal
En train c’est loin
L’avion c’est long
Pis le bateau c’est beau
La fusée, usée
Pis mon auto, tantôt
Mais c’est l’pied qui fait l’pas, madame
C’est l’pied qui fait l’pas, monsieur
Moi, monsieur
J’aime les voyageries
Cela fait passer la vie
J’aime les voyagements
Cela fait passer le temps
Sur la route
De mon doute
Depuis son départ je vais cherchant mes mots anciens, je
crois les voir
La bourrasque
Me démasque
Et me multiplie à l’infini, nous sommes l’homme et son
miroir
Je sais
Que chacun sur ma planète
Se croit trop honnête
Pour la maltraiter
Aussi
J’organise le voyage
Pour que ton mirage
Marche à mes côtés
Le joual, dopé
Le train, paqueté
L’avion, crashé
Pis le bateau, scrappé
La fusée, fuckée
Pis mon auto, stallée
C’est le pied qui fait l’pas, madame, au fond, c’est l’message
C’est tout c’que j’voulais vous dire, c’est l’pied qui fait l’pas,
monsieur
Moi, monsieur
Moi, moi, madame
J’aime les voyageries
Cela fait passer la vie
J’aime les voyagements
Cela fait passer le temps
J’aime les voyageries
Cela fait passer la vie
J’aime les voyagements
Cela fait passer le temps