Tire, mon cœur
Tire, mon coeur, tes accents de jeunesse
On vit loin de ses amours
Tire, mon coeur, que je te reconnaisse
Dans le bruit des alentours
Tire, mon coeur, de l’armoire aux mensonges
Quelques accords des beaux jours
Tire, mon coeur, car les ombres s’allongent
Les ruisseaux vont à rebours
À la gamme des escaliers
Aux doux sentiers de mélodie
À la course amour et folie
Comme au pas des mélancolies
Cent fois je t’ai logé dans mon soulier
Tire, mon coeur de petite musique
Et ta voile et tes haubans
Tire bordée et commande à la trique
Ton ramassis de forbans
Tire bordée et pare à l’abordage
Emparons-nous de ce temps
Tire, mon coeur, ton mauvais attelage
Tes chevaux sentent le vent
Je sais qu’il faudra s’arrêter
Faire semblant que c’est pour boire
Mais avant qu’il fasse nuit noire
Avant de croire à ma mémoire
Je veux me perdre au jeu qu’on m’a prêté
Tire, mon coeur, à la bonne aventure
Dépasse l’île au Trésor
Tire au guindeau, tire sur ta voilure
Tire ma carte et ton sort
Tire à courir, à casser les aussières
La mer achève au montant
Tire à mourir ton cargo de poussière
Et prends la nuit de plein vent
Tire, mon coeur!