Ma cabane
J'prends conscience de mes extrémités, je mets mes orteils potelés dans la bouche
Au-dessus d'moi, deux visages familiers, mais lequel des deux va changer ma couche?
J'connais pas trop d'odeurs mais j'sais que, là, je pue, j'me nourris de bonheur et n'suis jamais repu
Je pousse de petits cris, répète "areuh, areuh"
J'n'ai pas encore appris à prononcer "heureux"
Ce monde recèle de merveilles, je n'parle pas encore mais j'essaye
Je babille en admirant le ciel puis m'assoupis sur mon tapis d'éveil
Les oiseaux font leur solo sans partition, se taisent quand la rosée fait son apparition
Je baye aux corneilles tandis que mes parents bâillent sur le canapé mais
Quand j'tombe de sommeil, il y a toujours leurs bras pour me rattraper
Bercé par le son des cloches, les grillons qui jam
Les feuilles qui frémissent, les rythmes infinis de la nature me parlent
Mon cœur bat la chamade, j'ai des visions dignes d'un chamane
Au chaud dans ma cabane, la haute-savoie devient ma savane
Ce monde recèle de merveilles, je n'parle pas encore mais j'essaye
Je babille en admirant le ciel puis m'assoupis sur mon tapis d'éveil
Réveillé par la faim, j'pourrais téter sans fin
Veiller sur moi, c'est presque un travail à temps plein
Quand on me tend le doigt, je le serre dans mes mains
J'veux pas laisser filer ceux sans qui je n'suis rien
Mes éclats de rire cristallins éveillent en eux l'envie de me faire mille câlins
Je suis au paradis, enveloppé de tendresse
Ici, rien ne m'agresse, et dire que, d'ici peu, je serai citadin
Des accords de guitare me contaient des histoires, tout était harmonieux
L'amour était vital, la mort n'existait pas, j'en ai les larmes aux yeux
C'était l'apogée d'un trio dont l'amour était le ciment
C'était la pangée mais on s'est éloigné comme les continents