Étrange absurdité

Bernardin Natalie, Sonny Black, Yaovi Ganyo Hoyi

De ses regards croisés dans une foule coincée,
Le face-à-face mortel,
N’a fait que commencer.
Spirale de paroles échangées
Entre deux tranches de vie intercalées,
Entrelacées dans une parallèle,
Coincées dans un sacré bordel
Elles suivent pourtant le même tracé.
Parallèles qui trainent dans l'obscurité,
Tu te caches dans la lueur,
Je t'ai dans la peau,
Je t'ai dans le cœur,
Étrange étranger, absurde absurdité
De nos histoires vécues,
Dans un passé distant.
Lointain de nos histoires de vie en ce moment présent,
La fin d'une phrase et le début d’une leçon
Au futur, comme une dictée trouée,
Le coup de génie,
Sur l'œuvre inachevée,
De Lynch,
Oh Willie,
Vrai ou faux, Noir ou Blanc,
Reste que le fruit est étrange (Strange fruit)
Perché par le cou
Embrassant l’asphalte de ses joues
Et à genoux, tu traînes dans l'obscurité
Pourtant tu te caches dans la lueur
Mais je t'ai dans la peau,
Et je t'ai dans le cœur
Étrange étranger, absurde absurdité.

Nos humanités superposées,
Une fraternité fragilisée,
Deux doigts de la même main,
Une diversité liée par un même destin,
La différence est le point de division,
Mais cette différence est aussi notre communion.
Tu traînes dans l'obscurité,
Tu te caches dans la lueur,
Pourtant je t'ai dans la peau,
Et je t'ai dans le cœur,
Étrange étranger, absurde absurdité
Unis dans la solitude collective,
De nos unions sans aucune perspective,
En un index, en un clin d’œil
Nouveau symbole national
D’une partiale journée de deuil
Des histoires racontées que personne n'arrive à expliquer
Des bouts de nouvelles que l'on a tricotés,
Une couverture qui n’offre aucun abri,
Médiatique
Contre tempête, contre haine,
Contre tout ce que l'on vous aura appris,
Tu traînes dans l'obscurité,
Tu te caches dans la lueur,
Mais je t'ai dans la peau,
Et encore dans le cœur,
Étrange étranger, absurde absurdité
L'enfant naît dans ce monde avec aucune crainte,
Rappelez-vous-en
Aucun jugement et aucune peur,
Ce n'est que la curiosité de la découverte dans les yeux,
Ce n'est que des boules d'amour dans le cœur,
Une haine étrange,
Une noirceur absurde,
Étrange étranger,
Absurde absurdité.

De ma noirceur je te couvre
Et de mon sourire que je t’effraie
Prends-moi encore une fois,
Prends mon souffle, prends ma vie,
Prends-moi dans tes bras, peut-être juste une fois
Peut-être juste une seule fois
Mais prends-moi.
Partons. Au loin. Loin d’ici. Loin de tout.
Loin de nos couleurs et de nos douleurs.
Près de nos ferveurs et encore plus de nos cœurs
Que je te ressente encore couler sous ma peau
À l’unisson, sans moyen de sortie
Sans trou, sans giclée
Sans amnésie des secondes qui tirent,
Les secondes avant qu’il ne tire
Avant que tu ne te perdes dans un sanglot de bouffées d’air
Étrange étranger, absurde absurdité.
Si je me hais dans ma peau,
Je te retiendrai dans le cœur,
Je pousserai comme une fleur
Au milieu du bitume
Sous l’engrais de mon hémoglobine,
De mon plasma, et de ma résine,
Qu’on se résigne
À l’arrêt ! Vacciné je serai
Vacciné le temps sera, de mon sérum
De ma lignée, de ma sève, de ma généalogie,
De ma descendance et de mon existence
Encore happé, de vos voiliers
À vos quartiers délabrés
Je reviendrai
Je resterai
Dans vos cœurs, sous votre peau
Étrange étranger.
Absurde absurdité.

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