Peint par la sueur

{ "Cet ecclésiastique se servait d'une marque de cirageappelée"A l'Ecclésiastique". Avait-il le goût dessentiers ardus ettrop ensoleillés qu'il gravissait l'été à bicyclette, pédalantetsuant comme un cheval avec sa pomme d'Adam qui usait sonfaux-col. Ne préférait-il pas vivre à l'ombre des ormes de sonséminaire ?"A Raoul Breton et la Marquise.}Je m'en souviens, de ces jeudis, poireaux sauvagesDans les vignes de l'Aude avec mes camarades,Avec l'abbé sportif jouant au tambourin,soulevant sa soutane pour courir bien,Pour courir mieux, clignant des yeux,Car la poussière d'or lui fait verser des larmes.J'en ai connu de ces jeudis pleins de gendarmes.Je dis : jeudis, mais samedis non moins de charme.Vous aviez le secret de verser la fraîcheurDu Pernod de grand-père au cœur des carrelages.Le wagon-foudre des voisins rempli d'échosRetentissait encore de vos chansons, vendanges !Les pieds des vendangeurs aux oignons rouge sangCarmagnolaient allègrement. Les jambes blanchesAu poil noir, où venaient s"coller quelques mouches,allaient d'un pas dansant.Voici Sultan, le chien qui dort et qui se coucheAu milieu de la route pour dormir. ImpossibleDe le tirer de là. Allons Sultan, va-t'en !Mais il a des idées de sommeil, de chien fou. La vieille quiva passer par là, il la mordille un peu. Alors elle met dusoufre sur ses bas, Sultan crache du feu. Le voilà parti roulantdans la poussière comme une vieille automobile.Il paraît que prochainement un cirque doit venir. En cethonneur nous pavoisons. Grand-mère jette de l'eau sur lesvoyous qui s'attroupent dans la rue. "Allez-vous-en, mar-maille !", crie-t-elle. Moi je joue du clairon comme ça,avecla main, pour les appeler.On ne peut plus vous supporter dans le village,Canicule de juin qui brûle comme tout.Le soleil a mangé la couleur des murailles.Un journalier s'essuie le front, c'est à FitouQue la scène se passe, et c'est aussi La PalmeEt la Franqui sauvage et sa presqu'île calmeEt puis Sainte-Lucie où l'on peut acheterUne chèvre un peu folle,Des joies en liberté,Un lapin agricoleQui sait donner la patte,Un titre de noblesse : Armand des Aromates,Un lac salé qui sèche au soleil, là si lentQui le boit goutte à goutte et d'un air nonchalantFait miroiter mille facettes de lumièresAux carreaux des maisons, aux yeux de la fermière,Au mica sur la plage, au feldspath sur le roc,Au bec de coq au coteau crû, à ces coquilles,A ces charbons de coke, à ces gâteaux-rousquilles,A ce cliquetis d'armes. On se bat en duelDans le bois d'à côté. Divinités du ciel !Le docteur saura-t-il panser toutes ces plaies ?Il ne sait réparer qu'un chapeau haut de forme.Il ignore le sang, les veines et les nerfs.Cessez ce vieux combat, Messieurs, vous avez l'airD'acteurs de film muet. Enlevez-moi ces barbes.Ils sont partis me laissant tout seul avec la grenouille. Lagrenouille qui vole un bœuf. Qui vole un bœuf en vole neuf.Je n'ai pas terminé mon devoir sur la Grèce. Je préfere l'époquedes Gaulois, mais je crois tout de même que Vercingétorixétait un personnage de théâtre.Voici Abert Lambert avec ses espadrilles.Musidora se meurt au fond de cette cuve.Suzy l'américaine avec Justin ClareS'échappent d'une hutte en feu, quel naturel !Ce feu nous a brûlé pendant notre jeunesse,Que ce soient les souliers trop luisants, la paresse,La vigne, la maison si fraîche dans le noir,Il vient avec l'été ressusciter des ombres.Une à une, aujourd'hui, mon rêve les dénombre.Il suffit d'appeler au fond de ce couloir !

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