A MON HELENE
En ce temps de ta jeunesse,
pour mes yeux de jeune loup,
tu avais noué tes tresses
un jour autour de ton cou.
Je t'offrais mon innocence
dans le cœur d'un anneau d'or,
mais le soleil de l'enfance
m'aveuglait trop fort encore.
Mon Hélène, mon Hélène,
à l'ombre de la fontaine,
sous tes beaux cheveux de laine,
mon Dieu, comme je t'aimais!
Mon Hélène, mon Hélène,
sous les branches du grand chêne
j'ai le cœur rempli de peine.
Je ne t'oublierai jamais.
Quand nous longions la rivière
en descendant le courant,
les pieds nus fendaient les pierres
comme des poissons d'argent.
Tu dégrafais ton corsage
et quittais ton jupon blanc.
Tourterelle encore sauvage,
tu cachais tes seins d'enfant.
Mon Hélène, mon Hélène,
à l'ombre de la fontaine,
sous tes beaux cheveux de laine,
mon Dieu, comme je t'aimais!
Mon Hélène, mon Hélène,
sous les branches du grand chêne
j'ai le cœur rempli de peine.
Je ne t'oublierai jamais.
Je n'ai pas sous les étoiles
bu la liqueur de ta voix.
Je n'ai pas levé ton châle
ni dormi auprès de toi.
Aujourd'hui de ton visage,
aujourd'hui longtemps après,
j'ai perdu jusqu'à l'image,
mais j'en garde les regrets.
Mon Hélène, mon Hélène,
à l'ombre de la fontaine,
sous tes beaux cheveux de laine,
mon Dieu, comme je t'aimais!
Mon Hélène, mon Hélène,
sous les branches du grand chêne
j'ai le cœur rempli de peine.
Je ne t'oublierai jamais.